La Plateforme Pastorale du Tchad
Espace de dialogue et de concertation sur les politiques publiques de développement Pastoral

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Action-Recherche-Accept : Formation des Membres des Comités d’Entente et de Médiation

29 novembre 2021

 

Dans le cadre de la composante 3 du projet ACCEPT, la Plateforme Pastorale du Tchad a initiée une enquête en vue de présenter une revue détaillée des différents mécanismes de prévention et de gestion des conflits existants. L’étude a révélé que les différents mécanismes de prévention et de gestion des conflits ne sont plus adaptés dans le contexte actuel. En effet,  la transhumance dans sa dynamique entraîne plus souvent les groupes pastoraux à s’éloigner de leur terroirs d’attache là où ils ont une connaissance territoriale. Dans cette évolution, ils sont amenés à emprunter de nouveaux itinéraires dont ils ne connaissent pas toujours avec précision, les règles locales de gestion : bien qu’ils exploitent ces espaces, ils ne participent généralement pas aux discussions sur la gestion de ces ressources et sur l’élaboration de règles communes. L’enquête révèle également que certains acteurs dits de ’’nouveaux éleveurs’’ participent à exacerber les tensions par leurs pratiques non conformes aux mandats d’intérêt public de prévention des conflits et à la gestion apaisée des litiges agro-pastoraux ». Ainsi, « de simples litiges autour d’un champ peuvent, par l’intervention inappropriée de certains acteurs, devenir conflictuels alors qu’ils pourraient se résoudre à l’amiable entre agriculteurs et éleveurs » ajoute le rapport.

 « À partir de ce moment, la concurrence s’exacerbe, se transforme rapidement en conflit. Le dialogue indispensable, entre les acteurs, pour la recherche de solutions d’exploitation concertée, la mise en place et le contrôle de règles communes, devient de plus en plus difficile. L’absence de canaux de communication et les problèmes de langue ne facilitent pas la gestion de ces conflits. Il en résulte des oppositions d’intérêt entre les transhumants et les autres usagers des ressources naturelles, parfois entre éleveurs eux-mêmes, quand les ressources pastorales, notamment l’eau, deviennent rares. Face à la recrudescence de ces conflits liés à l’accès aux ressources pastorales, des dispositifs traditionnels de prévention et de gestion existants se trouvent dépasser par l’ampleur du phénomène.

Dans le but d’arriver à une transformation positive des conflits dans un contexte respectueux des diversités socio-culturelles des acteurs en conflit, que des comités d’entente et de médiation (CEM) ont été mis sur pied. Il s’agissait de repenser la gouvernance locale en matière de gestion foncière et de renforcer les capacités des communautés et des acteurs à la base dans la médiation et la négociation. C’est cette situation caractérisée par des querelles ou tensions sociales et qui mettent en péril la cohabitation entre les agriculteurs et éleveurs qui a amené les autorités à mettre sur pied les comités d’entente et de médiation (CEM) composés d’agriculteurs et d’éleveurs. « Ces comités chargés de faire la médiation et la conciliation pour une résolution non violente des conflits, contribuer à la gestion concertée des ressources naturelles des dites zones au profit des deux communautés et contribuer à la sécurisation des productions (agricoles et animales) des zones concernées sont des cadres de dialogue, de concertation, de réflexion et de contacts permanents entre les autorités traditionnels et coutumières, les leaders des communautés d’éleveurs et d’agriculteurs », précise le secrétaire exécutif permanent de la plateforme, Ahmed Mohamed Nadif.

L’enjeu de cet atelier est, selon les organisateurs d’obtenir un climat apaisé indispensable pour un développement socioéconomique harmonieux. « Cet atelier a permis aux acteurs locaux d’acquérir des connaissances et stratégies en vue de gérer de manière rationnelle et équitable les conflits agriculteurs et éleveurs mais aussi d’avoir un regard nouveau sur la sensibilité, la prévention et la gestion de nos ressources naturelles (agropastorales) », relate le secrétaire général du département de Mandélia, Asseid Abdelkerim Barka. A l’issue de cette formation, les participants sont désormais à mesure d’utiliser les habilités interpersonnelles et comportements adéquats afin de sensibiliser, prévenir ou résoudre les conflits mais aussi de comprendre les conflits agro-pastoraux aux Tchad, les diagnostics et les pistes de solution.

Le projet « adapter l’accès aux ressources agro-pastorales dans le contexte de mobilité et de changement climatique pour l’élevage pastorale au Tchad » touche la zone Sahélo-Saharienne (provinces de l’Ennedi Ouest et du Wadi Fira dans les départements de Biltine et de Mourtcha), la zone Sahélienne (provinces du Guéra et du Batha dans les départements de Lac-Fitri et de Aboutouyour), la zone test (province du Chari Baguirmi dans le département du Chari) et enfin la zone soudanienne ( provinces du Moyen-Chari et du Mandoul dans les départements du Bahr koh et du Mandoul oriental).