Le Film que vous allez visionner tout à l’heure est réalisé au Tchad. Pour les gens qui ne le connaissent ce pays, il est situé en Afrique centrale faisant frontière avec la Lybie (Nord), le Cameroun (Sud), le Nigéria et le Niger (Ouest) et le Soudan et le République Centrafricaine (Est). Le film veut rendre compte de l’organisation des multiples acteurs de cette filière bovine pastorale qui permet de mettre en valeur les immenses territoires saharo-sahéliens du pays.
En effet, au Tchad, le secteur de l’élevage fait vivre 40% de la population. Le pays compte plus de 20 millions de ruminants. On estime cependant à 80% la part du cheptel qui appartient à des systèmes pastoraux. Ce capital constitué représenterait un montant de près de 1000 milliards de francs CFA, engendrant un flux monétaire annuel de près de 137 milliards de francs CFA. Toutefois, le secteur de l’élevage reste difficile à évaluer du fait de la dispersion des activités pastorales sur un vaste territoire (1.284.000 km²) et de la faiblesse de l’outil statistique du pays. C’est dire que ces chiffres sont en deçà de la réalité.
Le commerce de bétail qui bénéficie de l’efficacité des circuits d’exportation à pied génère des revenus pour les éleveurs et les nombreux acteurs qui y interviennent. Le Tchad exporte traditionnellement du bétail sur pied vers ses voisins (Nigeria, Cameroun, RCA, Soudan et Lybie). L’essentiel du bétail (82%) qui alimente ce commerce provient des élevages pastoraux. Les circuits en direction du Nigeria sont les plus dynamiques en raison d’une demande en augmentation, essentiellement à cause de la forte croissance démographique et de l’urbanisation. La filière bétail sur pied génère officiellement un chiffre d’affaires annuel proche de 37 milliards de FCFA (soit environ 57 millions d’euro).
En plus du commerce de bétail sur pied, il existe pour le Tchad, des opportunités d’expédition de la viande réfrigérée ou congelée vers les pays de la sous-région d’Afrique Centrale. Cependant, la question de l’exportation des viandes suppose le respect des normes sanitaires fixées par l’OIE, la réhabilitation intégrale des services vétérinaires, le développement des infrastructures sous régionales de transport et l’énergie électrique permanente. Ces conditions sont loin d’être réunies à court et moyen terme. Mais le véritable potentiel de la filière repose sur l’organisation de ses acteurs remarquablement structurés pour assurer la production d’animaux de qualité au prix d’une prise de risques importante à travers de vastes espaces pastoraux à la production aléatoire. Les animaux ainsi produits par les familles de pasteurs transhumants sont particulièrement recherchés pour l’exportation vers les villes côtières plus de mille kilomètres plus au Sud. C’est grâce à ces organisations de pasteurs, de bergers, de khalifats informateurs sur les marchés, de damin garantissant la provenance des animaux vendus, de commerçants, de convoyeurs, de transporteurs que les meilleurs animaux sont convoyés sur pieds à travers tout le Tchad pour être transportés ensuite sur les routes du Cameroun et du Nigeria. De tels savoir-faire pastoraux et commerciaux sont au cœur du capital social du pastoralisme tchadien et c’est ce que l’expérience retracée dans le film qui va vous être présenté a cherché à renforcer.
Mais laissons plutôt maintenant la parole aux images et à ces pasteurs, bergers, khalifats, damin, commerçants et convoyeurs du Tchad.
Regardez le film www.filiere-bovine-tchad.com