La Plateforme a démarré ses activités depuis 2011. En réalité, il y a 4 ans d’existence. Par contre, la Plateforme a pris son envol avec l’appui technique que qu’elle reçut de L’Agence Française de Développement en 2013. Dès son début, elle s’est fixé trois objectifs : Renforcer les capacités de ses membres dans la capitalisation et de communication, en lien avec les politiques d’hydraulique de décentralisation, de développement rural, animer les réflexions sur les politiques de développement à travers des études prospectives et enfin mettre en synergie des efforts des Partenaires Techniques et Financier qui soutiennent le développement pastoral.
Au titre du bilan, la plateforme a été largement mobilisée pour l’organisation d’un colloque régional en 2013 qui a réuni 237 participants provenant de 17 pays des espaces saharo-sahéliens : Mauritanie, Sénégal, Mali, Burkina-Faso, Bénin, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Egypte, Algérie, Kenya, Inde, France, Grande Bretagne, Belgique...Le colloque a réuni les organisations pastorales régionales et nationales RBM, APES, CRUS, CONFIFET, ainsi que les principales organisations gouvernementales à l’échelle régionale : CILSS, UEMOA et CEDEAO. Cette rencontre régionale a débouché sur une déclaration dit de N’Djaména.
La Plateforme a réalisé deux études prospectives : l’une portant sur le pastoralisme et le changement climatique et l’autre sur la pérennisation des entretiens des ouvrages hydrauliques.
Pour la première étude, l’adaptation aux changements climatiques est devenue un enjeu crucial des décennies à venir, qui ne peut dépendre des seules capacités des populations. Cela doit être une priorité des politiques publiques, notamment pour l’agriculture et l’élevage, qui constituent la base de l’économie nationale. Justement l’étude a bien montré que les systèmes pastoraux sont bien adaptés aux aléas climatiques « normaux », à condition que la mobilité soit assurée, mais peuvent être déstructurés par des aléas exceptionnels plus fréquents, comme par exemple des sécheresses répétées.
Concernant la deuxième étude, il a aussi été constaté que l’Etat fait des routes et met en place un fonds d’entretien routier. Par contre, l’Etat construit des ouvrages pastoraux à coût des Milliards mais il n’existe pas des fonds d’entretien de ces ouvrages. L’étude à clairement démontré que la balance annuelle entre les fonds collectés par l’Etat et ceux versés au secteur de l’élevage est déséquilibré et en plus les mécanismes financiers existants ou en projet ne sont pas spécifiquement dédiés à l’entretien des ouvrages d’hydraulique pastorale. Ils ne garantissent donc pas une dotation permanente annuelle pour financer des programmes de gros entretien et de réparation des ouvrages. En conséquence, il n’existe pas de dispositif unique apte à financer les dépenses relatives aux entretiens des ouvrages pastoraux.
Une troisième étude est cours de réalisation et porte sur la stratégie nationale du développement pastorale. A travers cette étude, il s’agit de chercher à valoriser au mieux les avantages comparatifs de chaque unité écologique que comporte le Tchad. Les différentes zones écologiques n’ont pas les mêmes potentiels productifs : certaines les sont plus pour la production des systèmes pastoraux d’autres les sont pour une production mixte ou uniquement agricole. Il s’agit donc d’adopté une stratégie différenciée pour les différences unités écologiques et favoriser les complémentarités qui peuvent exister entre ces différentes unités écologiques.
Un des résultats de la Plateforme qu’on dira même le plus important est le plaidoyer pour l’adoption d’un code pastoral. Comme instance de discussion et de dialogue. Au-delà des polémiques, elle entend continuer sa lutte pour doter le secteur pastoral d’un cadre juridique qui puisse sécuriser les différents utilisateurs des ressources naturelles et facilite les concertations.
La capacité des membres de la Plateforme à proposer des projets et à rechercher les financements est aussi à louer. Avec peu de ressources disponibles à son début, la Plateforme est arrivée en deux ans à doubler le petit fonds mis à sa disposition par l’Agence Française de Développement par l’apport de nombreux autres partenaires notamment le FIDA, la DDC (ancien Coo-Suisse), DUE, la BM, la FAO, le PNEUD.
Cependant, toute œuvre humaine n’étant jamais parfaite, il y a eu des faiblesses. Par exemple, les groupes de référents qui devraient suivre les recommandations des différentes études prospectives ont peu fonctionné, la structuration de la plateforme reste encore peu formelle et le sous-comité exécutif est à réorganiser suite aux changements institutionnels dans les Ministères clefs. Notons également comme insuffisance les attentes insatisfaites des Organisations Pastorales dans la diffusion de l’information envers leurs membres et le faible transfert de connaissances en direction des jeunes générations notamment dans les universités et instituts.