Partant du fait que l’école en milieu pastoral sahélien – très largement analphabète – est vécue plutôt comme un corps étranger, il s’agit d’appréhender les conditions d’un enchâssement réellement en phase avec les dynamiques locales porteuses d’un devenir économique, social et culturel à la fois enraciné, pacifié et ouvert sur le monde.
Pour ce faire, il est utile d’abord de remonter dans l’historique de la scolarisation. Le cas malien est retenu à cet effet depuis les premiers essais de la période coloniale jusqu’à récemment avec les efforts incontestables déployés et les obstacles accumulés, le tout ayant entraîné une augmentation des effectifs scolarisés avec cependant des résultats qualitatifs laissant à désirer.
Il convient de reconnaître que ce type de bilan mitigé se retrouve aujourd’hui à des degrés divers dans l’ensemble des zones pastorales des pays du Sahel. Un certain nombre de faits en témoigne : scolarisation écourtée surtout des filles, sortants en échec, disparités en fonction du degré de mobilité des familles, fonctionnement restant séparé de la vie locale et du développement en dépit de l’accroissement du nombre d’écoles construites, faible prise en compte de la culture locale. Sans oublier des relents récents d’hostilité à l’école, vis-à-vis notamment de la mixité garçons-filles.
Face à tous ces constats, il importe de repenser la place et le rôle de l’école en intégrant celle-ci davantage dans les stratégies éducationnelles impliquant les diverses composantes de la population locale. Cela ne peut avoir lieu qu’en liaison étroite avec le processus en cours de revalorisation du pastoralisme et de la mobilité qui lui est essentielle. Aussi l’école ne devrait plus être considérée comme un isolat, à l’écart de la société, sans implication réelle des parents et du milieu. La priorité conférée à l’accroissement des effectifs et à la multiplication des infrastructures scolaires devrait céder la place au souci de la qualité réellement approprié et partagé. Aujourd’hui, les nouvelles technologies permettent sans doute de mieux s’adapter aux divers types de mobilité et de relever le défi de la qualité.
Le renouveau attendu suppose bien sûr que soit acquise une véritable volonté politique convergente impliquant les autorités nationales, la communauté internationale mais aussi les acteurs locaux devenus plus conscients des enjeux.
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